Oyez, Oyez
Chose promise, chose due, je continuerai à venir auprès de vous pour vous parler du club mais aussi de la natation au sens plus large afin de parfaire votre culture en natation, peut être que nous organiserons autre-chose plus tard durant ce confinement mais il faut que nous voyons avec Wil, comment faire. Nous devions cette semaine, dans le cadre de « nageons à l’unisson » faire 2 semaines de papillon … et oui quel dommage me direz vous, je sens bien que vous êtes peinés, déçus je dirai même meurtris de cette perte (momentanée rassurez vous) mais à défaut de le pratiquer nous allons un peu enrichir votre culture “natatoire” en PAPILLON.
Un peu d’histoire
Le papillon est apparu fin des années 1920, à l’époque trois nages existaient: la brasse (première nage codifiée), le crawl (qui remplaçait le trudgeon sorte de nage hybride entre la brasse et le crawl moderne) et la nage sur le dos. Là où l’athlétisme a eu son Fosbury pour inventer ce saut qui porte son nom dans l’épreuve de saut en hauteur, la natation a eu “un” Erich Rademacher qui lors d’une épreuve de brasse a décidé de faire son retour de bras (quand les mains arrivent à la poitrine) hors de l’eau, utilisant ainsi une faille du règlement, pour ainsi fuir la résistance de l’eau et créer davantage de vitesse. Il a fallu attendre les années 50 pour voir les 2 nages distinguées réglementairement et ainsi voir apparaître les épreuves de 4 nages quelques années plus tard pour remplacer les épreuves de 3 nages. Vous savez donc qui remercier pour le papillon à l’instar, dit on, de Charlemagne pour l’école…
Quelques noms qui ont marqué l’histoire de cette discipline à travers plus d’un demi-siècle d’existence
Chez les femmes le nom qui sort est la grande Sarah Sjorstrom, une suédoise qui a régné et règne encore dans les bassins en gagnant pas moins de 17 titres internationaux sur les épreuves du 50 et du 100 papillon seulement en bassin de 50m, le 200 mètres a été aussi longtemps dominée ces dernières années par une espagnole (entraînée par un coach Français) Mireia Belamonte.
Cette discipline réputée physique a vu surtout les nageuses de l’Allemagne de l’Est et les Chinoises battre régulièrement les records du monde ternissant un peu l’histoire de ce style de nage contrairement aux hommes. Cependant une française a su faire de la résistance contre l’ancienne R.D.A. et ainsi marquer l’histoire de la natation de son pays même si les nouveaux supporters de la natation n’ont retenu que, et c’est bien normal, Laure Manaudou et Camille Muffat. Cette grande nageuse des années 80/90 est Catherine Plewinski. Originaire du Pas de calais avant de partir en Savoie (où elle est désormais maire adjoint de la ville de Cluses). Catherine s’est battue plusieurs années contre l’armada allemande emmenée par Kristine Otto qui reconnu plus tard son dopage comme beaucoup d’athlète de l’ancienne Allemagne de l’Est. Elle est la seule nageuse Européenne à avoir battu les allemandes durant leur domination. Elle ne compte pas moins de 14 médailles internationales dont plus du tiers avec la seule distance du 100 papillon (à l’époque le 50 papillon n’était pas nagé), 5 titres Européens et 2 médailles de bronze aux J.O. dominés par la R.D.A., elle a aussi glané 40 titres de championne de France et fût la première nageuse sous la minute au 100 papillon 59’’34 et sous les 2 minutes au 200 NL en 1’59’’01.
Chez les hommes, plus de noms ont marqué ce style de nage. Tout le monde connaît Mark SPITZ qui marqua les JO de Munich avec 7 médailles d’or dont 2 au 100m et 200m papillon avec à la clef les records du monde de ces épreuves (mais aussi des 5 autres auxquelles il aura participé, il avouait cacher le secret de son succès dans sa moustache.
Michael Groß dit “l’albatros” pour son envergure de 2m25 qui fut le premier nageur sous les 2 minutes au 200 papillon avec un règne de 1981 à 1987 sur cette même épreuve en Europe et champion olympique en 1984 sur 100 papillon et en 1988 sur 200 papillon. Pour l’anecdote, l’albatros a été un des premier à intégrer la musculation à sa préparation et une comparaison avec Arnold Schwarzenegger avait été faite sur la somme des charges que les deux germanophiles soulevaient dans une saison sportive, vous serez surpris il s’agissait de la même mais pas dans les mêmes modalités.
Dans les nageurs qui ont marqué le papillon nous ne pouvons pas oublier Denis Pankratov, champion Olympiques sur 200 Papillon en 1996 et 2000, détenteur des records du monde sur 50, 100 et 200 papillon. Ce nageur avait la particularité de nager les 40 premiers mètres de chacune de ses épreuves en faisant une coulée extraordinaire qui laissait son couloir libre pendant plus de 25 secondes… lors de l’établissement de son record du monde du 50m papillon ce dernier n’avait réalisé que 2 mouvements de bras.
Enfin le nageur le plus connu de l’histoire, Michael Phelps. Même si ce dernier est connu pour son extrême polyvalence, ses 8 titres aux JO de Pékin (un de plus de SPITZ), 26 médailles olympiques au total (dont 23 titres), 66 titres internationaux, il était un papillonneur d’exception. En 2009, lors de l’apparition des combinaisons «magiques» qui ont permis de battre en quelques semaines plusieurs centaines de records nationaux et mondiaux, Michael Phelps est resté fidèle à son équipementier qui n’en fabriquait pas et a eu su élever son niveau pour gagner le 200 papillon avec autorité en 1’51’’51 (record qui n’a pourtant tenu que 10 ans qu’un jeune hongrois de 19 ans a effacé des tablettes) et fût le premier nageur sous les 50 secondes en gagnant le 100 papillon en virant seulement 6ème à la mi-course. Même s’il a brillé en 4 nages et nage libre c’est bien en papillon qui a dominé le plus longtemps, imaginez qu’il était déjà finaliste en 2000 à Sydney, à seulement 15 ans (avant de prendre sa retraite en 2016) à côté de “notre” meilleur nageur de papillon Franck Esposito. Formé aux Dauphins de Six-Four, Franck a vite rejoint le cercle des nageurs d’Antibes où il est encore entraîneur. Nageur de dos à ses débuts, Franck commence a performer en papillon et obtient une première sélection pour une compétition majeure en 1991 aux championnats du monde à Perth. Là il réussit à se qualifier en finale au côté de grands noms comme Michael Groß, et Tamas Darni, il termine 4ème d’une épreuve très relevée et devient le premier nageur français sous les 2 minutes au 200m papillon. Derrière Franck enchaîne les succès avec 4 titres de champions d’Europe sur 200 papillon en bassin de 50m, en 2002 il bat le record d’Europe du 200 papillon lors des championnats de France (record détenu par Denis Pankratov à l’époque) et lors de sa dernière participation aux interclubs (en bassin de 25m) il établit un record du monde sur 200 papillon qui durera pendant plus de 10 ans. Seule ombre au tableau, une seule médaille de bronze au JO de 1992 et une médaille d’argent aux mondiaux de 1998.
Notre région centre a vu aussi briller 2 grands nageurs de papillon !
- Bruno Gutzeit, formé aux Enfants de Neptune d’Orléans avant de s’expatrier à Toulouse aux Dauphins du TOEC. Vice champion d’Europe en 1989 sur 100 papillon (ainsi que sur les relais 4x100NL et 4×100 4N) et vainqueur de la première coupe du monde sur mes épreuves de papillon en bassin de 25m.
- Christophe Bordeau, nageur aux Enfants de Neptune de Tours, sous la houlette de Gilbert BOZON, il a été 3ème des championnats d’Europe d’Athènes en 1991. Il a détenu le record de France du 200 pap du début des années 80 à l’arrivée de Franck Esposito, mais il a aussi détenu les records du 100 papillon , 200NL, 200 4N, 400 4N (notre ” Phelps ” des bords de Loire…) et participé aux JO de 1988, 1992 et 1996.
Notre région a donc vu dans les lignes de grands champions et le Loir-et-Cher me demanderez vous ? Et bien sachez qu’entre le milieu et la fin des années 80 une jeune Roxanna Maracineanu a nagé quelques temps au CN Blois de l’époque
Et technique que peut on dire ?
Le papillon est une nage simultanée, c’est à dire que les mouvements des 2 bras se font en même temps ainsi que les mouvements de jambes. Le moindre mouvement alternatif est susceptible de provoquer une disqualification. Après le départ et chacun des virages nous sommes limités à une coulée (parcours subaquatique) de 15m, mesuré à la tête, avec comme seule action propulsive un mouvement de jambes simultané (ondulations ou dauphins). Puis la traction de bras se fait de manière simultanée de l’avant vers l’arrière et le retour de bras se fait obligatoirement de manière aérienne. Durant toute la nage les épaules doivent rester parallèles à la surface de l’eau et sur chaque cycle de bras au moins une partie du corps doit rester hors de l’eau (contrairement à la brasse de nos jours). L’arrivée au mur se fait en sorte que les deux mains doivent toucher le mur en même temps sans se superposer (au risque d’être disqualifié), les épaules et le mur doivent être parallèles lors de la touche. Le mode respiratoire n’est pas codifié mais peu changer d’un nageur à l’autre et d’une distance à l’autre (bien souvent sur 50m papillon les nageurs ne respirent pas ou 1 à 2 fois). Dans épreuves de 4 nages individuelles le papillon lance le bal mais dans les épreuves de relais elle est la 3ème nage. Quant à son apprentissage, grâce aux palmes cela devient rapidement aisée surtout pour les plus jeunes encore très mobiles des épaules. Il faut savoir savoir que dans les écoles de natation hongroises elle est la première nage enseignée.
Je vous invite à consulter les records de France, d’Europe et du Monde sur le site de la Fédération Française de Natation par catégorie d’âges et dans les différents bassin (25m ou 50m) en attendant en bassin de 50m :
Records de France | ||||
Nage | Femmes | Hommes | ||
50 papillon | 25’’50 | Marie WATTEL | 22’’84 | Frédéric BOUSQUET Floran MANAUDOU |
100 papillon | 56’’89 | Aurore MONGEL | 50’’85 | Medhy METELLA |
200 papillon | 2’05’’09 | Aurore MONGEL | 1’54’’62 | Franck ESPOSITO |
Records du Monde | ||||
50 papillon | 24’’43 | Sarah SJORSTROM (SWE) | 22’’27 | Andriy GOVOROV (UKR) |
100 papillon | 55’’478 | Sarah SJORSTROM (SWE) | 49’’50 | Caeleb DRESSEL (USA) |
200 papillon | 2’01’’81 | Liu ZIGE (CHN) | 1’50’’73 | Kristof MILAK (HON) |
Voilà, pendant ce confinement p’tit mot est devenu grand, j’espère pouvoir malgré tout capter quelques minutes votre attention.
Confinons à l’unisson
Wil